Modernité poétique?
Guillaume Apollinaire de Kostrowitsky est né à Rome d’une mère polonaise et de père inconnu. Très vite, il s’installe à Paris, fréquente de nombreux artistes, en particulier Picasso. Il fait un court séjour à la prison de la Santé pour recel (« A la Santé »). Puis il s’engage, fait la guerre de 14-18 où il est blessé à la tête. Il meurt en 1918 de la grippe espagnole.
Les deux femmes aimées dont il parle dans Alcools sont Marie Laurencin (peintre), et Annie Playden rencontrée en Allemagne, où Apollinaire séjourne un moment (d’où la série de poèmes « Rhénanes » (de Rhin) dans Alcools)
Alcools est publié en 1913, mais contient aussi des poèmes plus anciens, souvent remaniés. Pour l’écrire, il travaille avec Picasso, qui est dans sa période découpage / collage (avant le cubisme). Apollinaire veut de la modernité, et expérimente la même chose en poésie: il découpe et colle:
Exemples:
- « Le Pont Mirabeau »: les vers 2 et 3 de chaque strophe ne formaient qu’un seul décasyllabe, qu’il a coupé et recollé (4 / 6 syllabes)
- « La maison des morts » était à l’origine une petite nouvelle en prose, qu’il a découpée et recollée pour en faire un poème
- « Marie »: le vers 9 est découpé d’un autre poème antérieur, écrit pour une autre, et collé là (Apollinaire voulait qu’il dépasse des deux côtés)
- « Les Colchiques »: c’est un ancien sonnet déstructuré, recollé
Apollinaire veut rapprocher la poésie de la peinture (libre circulation dans le poème): il supprime toute la ponctuation de ses poèmes. Il essaie des formes nouvelles (« Les Femmes »: poème-conversation), et accorde une grande importance à la forme et la mise en page (« Automne malade »). En 1913, il commence à écrire des vers libres (« Zone »). Plus tard il écrira des calligrammes.
Alcools se situe entre tradition et modernité, car il ne rejette pas totalement la tradition dans le recueil: nombreux alexandrins, quintils d’octosyllabes (forme médiévale) dans « Marie » ou « La Chanson du Mal-Aimé », parfois rimes ou strophes régulières…
Apollinaire utilise aussi beaucoup de vocabulaire volontairement compliqué, et certains de ses poèmes sont franchement incompréhensibles (« Lul de Faltenin »): c’est parce qu’il est influencé par le symbolisme.