Montaigne
- En série technologique, vous n’avez que l’extrait du livre I: « Des Cannibales »
Montaigne s’intéresse beaucoup à la découverte de nouveaux peuples d’Amérique du sud, notamment au Brésil et au Mexique. Il a lu Histoire d’un Voyage fait en la Terre du Brésil, publié par Jean de Léry en 1578, qui décrit les Tupinambas. Trois d’entre eux ont été ramenés en France, à Rouen, où Montaigne va les voir.
Livre I, chapitre 31: « Des Cannibales » (1580)
On peut distinguer deux grandes parties dans ce chapitre:
Montaigne parle d’abord de la découverte de nouvelles terres
- Préambule, l’exemple de Pyrrhus, grec, étonné de l’ordre de l’armée romaine, pourtant barbare pour lui.
- Découvertes de nouveaux pays. L’Atlantide, qui a voulu coloniser ses voisins, et a été engloutie par le déluge.
- Changements géographiques dus au déluge qui a détaché du continent la Sicile et Chypre, devenues des îles.
- Exemple de la Dordogne, qui modifie le paysage, et des bords de mer souvent inondés.
- Exemple tiré d’Aristote: les habitants de Carthage trouvent une nouvelle terre, s’y installent, et finissent par faire concurrence à la ville qui doit en interdire l’accès.
- Importance de témoigner quand on découvre une nouvelle terre.
Il évoque ensuite les Indiens du Brésil
- On appelle barbarie ce qui nous est étranger.
- Les fruits sauvages sont ceux qui n’ont pas été transformés par l’homme.
- Beauté de la nature. Les barbares en font partie. exemple d’un peuple au Brésil:
- Ils n’ont pas été pervertis par la civilisation (argent, sciences, littérature, métal, vêtements, mensonges).
- Leur pays est tempéré et ils vivent en bonne santé.
- Ils vivent le long de la côte, pêchent et chassent.
- Leurs maisons abritent deux ou trois cents personnes.
- Ils ont des armes en bois.
- Ils dorment dans des hamacs, hommes et femmes séparés.
- Ils se lèvent tôt pour manger l’unique repas de la journée.
- Ils boivent le jus d’une racine qu’ils font réchauffer, mangent de la coriandre confite.
- Dans la journée ils dansent, les jeunes chassent.
- Parfois, les prêtres descendent de leur montagne pour leur parler et faire des prophéties, mais ils sont tués si elles ne se réalisent pas.
- Ils font la guerre à d’autres peuples, nus et avec des armes en bois. La tête de l’ennemi est rapportée et exposée à l’entrée de leur maison.
- Ils mangent leurs prisonniers par vengeance, après les avoir assommés. Les Portugais, eux, les enterraient jusqu’à la ceinture, puis les tuaient à coups de flèches avant de les pendre, ce qui est bien plus barbare.
- Exemples de traitements infligés par les Européens, bien plus barbares et cruels.
- Pas de désir de conquête de ce peuple, fraternité, biens communs.
- Leurs prisonniers préfèrent être tués et mangés plutôt que de s’avouer vaincus. L’honneur d’un homme est dans sa volonté. Quand ils sont gardés quelques jours, ils défient leurs ennemis et les insultent pour être tués et mangés.
- Les hommes ont plusieurs épouses, et elles sont heureuses si leur mari en a beaucoup, ce qui n’est pas du tout barbare.
- Trois hommes de ce peuple ont été ramenés à Rouen à la cour de Charles IX, où Montaigne les a vus. Ils trouvent étrange que le roi soit un enfant, et que les pauvres ne se révoltent pas contre les riches.
- L’un d’eux lui a expliqué qu’il était capitaine et menait au combat quatre ou cinq mille hommes.
- Conclusion ironique: « Tout cela ne va pas trop mal; mais quoi? Ils ne portent point de haut-de-chausses. » (c’est un pantalon qui descend jusqu’aux genoux.)
Livre III, chapitre 6: « Des Coches » (1588)
*un « coche » est une voiture tirée par des chevaux.
On peut distinguer trois grandes parties dans ce chapitre:
Montaigne évoque d’abord son mal des transports
- Les grands auteurs donnent souvent plusieurs causes pour un même fait, si elles leur paraissent intéressantes: exemple de Plutarque qui pense que le mal de mer est dû à la peur, ce qui est faux, comme l’expérience le montre.
- Exemple de Socrate qui marche avec l’armée lors d’une retraite après une défaite, mais avec fermeté et sans peur. On n’attaque pas facilement ceux qui n’ont pas peur.
- Lui, Montaigne, n’est pas sujet à la peur.
- Il souffre pourtant du mal des transports dans les coches, les litières, les bateaux.
- Petit historique de l’usage des coches: les chars pour la guerre; le char tiré par quatre boeufs des rois mérovingiens. Divers animaux utilisés pour tirer des chars.
Il parle ensuite des rois et du bon gouvernement
- Les rois économes dépensent plutôt pour des édifices publics que pour eux-mêmes. Inutilité des dépenses en spectacles et richesses.
- Les biens du roi viennent de son peuple, il n’a donc pas de mérite à être généreux (« libéral »). Il doit plutôt être juste. Il ne faut pas être trop libéral.
- Exemple de Cyrus, roi tellement généreux qu’il se ruine, puis doit demander de l’aide à ceux à qui il avait donné de l’argent.
- Exemple des empereurs romains qui dépensaient beaucoup en fêtes et spectacles somptueux. L’arène de l’empereur Probus où il donnait des spectacles incroyables: forêts, fauves, batailles navales, gladiateurs. Grande inventivité de ses spectacles.
- Nombreuses inventions à travers le monde.
Enfin, il évoque la découverte de nouveaux peuples
- « Notre monde vient d’en trouver un autre », bien plus jeune. Exemple des villes magnifiques de Cusco et Mexico. Le roi et ses jardins, son cabinet de curiosités.
- Nouveaux peuples découverts, aussi courageux que ceux de l’Antiquité: ils ont affronté sans rien les Européens armés, pour défendre leur liberté et leur peuple.
- Au lieu de les attaquer et de les pervertir, on aurait pu échanger avec eux.
- Les Espagnols à la recherche de richesses rencontrent un peuple et se comportent comme des conquérants. Les habitants leur donnent ce qu’ils demandent, mais ne veulent pas changer de religion.
- Trois exemples de la barbarie des Espagnols:
-Ils font prisonnier le roi du Pérou et se font verser une énorme rançon, puis le forcent à accepter le baptème, et le pendent après un procès mensonger.
-Ils assiègent la ville de Mexico et font prisonnier le roi. Ne trouvant pas assez d’or dans la ville, ils torturent, puis brûlent un seigneur avec le roi, qu’ils pendent ensuite.
-Ils brûlent vifs 460 prisonniers: cruauté inutile.
- Les Mexicains croient en la fin du monde prochaine: sur les cinq soleils successifs, quatre ont déjà été détruits, provoquant quatre fins du monde. La dernière est pour bientôt. Grande richesse de leurs villes, description.
- Pas de chars chez ces peuples. Les rois sont portés, comme le roi du Pérou, dont on a dû tuer de nombreux porteurs pour le capturer.